Les microparticules de plastiques sont partout, dans les glaces des pôles, dans l’air que nous respirons et jusque dans l’eau que nous buvons. L’OMS s’en est inquiétée et vient de publier un rapport faisant le point sur les connaissances à ce sujet (1).
Quelles conclusions pratiques pouvons nous en tirer? L’eau du robinet est-elle contaminée ? Faut-il lui préférer l’eau en bouteille, quitte à entretenir l’omniprésence des plastiques dans l’environnement ?
Les eaux en bouteille
Le rapport de l’OMS est fondé sur une méta analyse (synthèse de plusieurs études sur un même sujet) dont il liste les résultats. L’une a recherché les particules de plus d’un micron et obtenu les résultats suivants :
bouteilles en PET non recyclé : 2649 particules / litre en moyenne
bouteilles en PET recyclé : 4889
bouteilles en verre: 3074
D’après l’OMS, ces particules viendraient des bouteilles elles mêmes et non de l’eau. En effet, le PET est fabriqué en assemblant en une longue chaine des molécules plus petites. Lors de la polymérisation, certaines molécules de base ne s’accrochent pas correctement à la chaine et se retrouvent dans l’eau. pour les bouteilles de verre, les particules pourraient venir des citernes ou de l’air de l’usine.
Une autre étude, menées par le département de géologie de l’Université de NY (2), a compté les micro-particules de plastique dans différentes eaux en bouteille, dont Evian. Pour cette marque, la seule française du panel, ils ont trouvé en moyenne 256 particules de plus de 100 microns par litre (contre 1 micron pour l’étude précédente, d’où le résultat très inférieur).
Ce résultat est-il meilleur que celui de l’eau de nos robinets?
L’eau du robinet
J’appelais la petite usine qui produit mon eau, puisée dans un lac artificiel de moyenne montagne (photo). Comme la ressource est de bonne qualité, le système est assez basique, un filtre à sable, mais il filtre néanmoins toute particule de diamètre supérieur à 50 microns, et une partie des particules de plus faible diamètre. C’est mieux que l’eau d’Evian !
Et à Paris, que font-ils ? J’ai posé la question à Jean Baron, ingénieur à la Direction recherche, développement de la qualité de l’eau à Eau de Paris. Si une partie de l’eau vient de ressources souterraines et n’est donc pas concernée par les micro-particules, une autre vient de rivières. Dans ce cas, le processus est plus long, débutant par une étape de coagulation, où les particules s’agglomèrent, de façon à être plus facilement filtrées par la suite. « Avec ce processus, nous éliminons toute particule de plus d’un micron. Certaines de nos usines sont également équipées de traitement membranaire « ultrafiltration ». Dans ce cas, nous éliminons toute particules de plus de 0,02 micron »
Impact sur la santé
Les micro-particules de plastique contenues dans l’eau en bouteille, (mais aussi l’air que nous respirons, la nourriture emballée dans des barquettes et autres contenants plastique etc.) sont-elles dangereuses ?
Pas qu’on sache. La méta-analyse (synthèse de plusieurs études sur un même sujet) de l’OMS n’a rien relevé, alors que le plastique est présent dans notre alimentation depuis des décennies. Une des études du panel a par exemple mélangé des particules de 1 à 50 microns de polyéthylène à l’alimentation de rats sans que leur santé en soit affectée.
La faune sauvage est évidemment beaucoup plus exposée que nous mais les études manquent quant aux conséquences. La priorité est plutôt de leur éviter l’ingestion de macroplastiques, dont on est sûr qu’ils les digèrent mal…
Conclusion
En l’état actuel des connaissances scientifiques, les microparticules de plastique ne posent pas de problèmes pour la santé humaine. La priorité reste la lutte contre les macrodéchets, pour des raisons environnementales.
Si vous voulez quand même éviter de boire des micro-particules de plastique, buvons de l’eau du robinet !
Bonus: d’où viennent ces particules?
De partout et non pas seulement d’un promeneur indélicat qui aurait laissé sa bouteille d’eau au bord du chemin. Le rapport de l’OMS a identifié 5 sources :
– en roulant, les pneus s’usent. La gomme reste collée à la route puis est lavée par la pluie vers les cours d’eau,
– à chaque fois que nous lavons nos vêtements synthétiques, des micro-particules s’en détachent et ne sont pas complètement éliminées par les usines de traitement des eaux usées,
– les baches/tunnels etc. utilisés par les agriculteurs s’usent également,
– les industriels fabricant des objets en plastiques ne prennent pas toutes les précautions qu’ils devraient pour éviter que des billes ne finissent dans la nature,
et enfin
– la dégradations de macro plastiques qui se retrouvent dans l’eau, parce que jetés dans la nature, parce que suite à une forte pluie, les égouts ont évacué leur trop plein sans le traiter etc.
Sources
(1) Microplastics in drinking water, page 18
https://www.who.int/water_sanitation_health/publications/microplastics-in-drinking-water/en/
(2) page 8: https://orbmedia.org/sites/default/files/FinalBottledWaterReport.pdf
Encore une etude bien menee et des resultats bons a savoir. Merci chere Anne !
Ping : Comparateur d’écogestes: arrêter l’eau en bouteille | Mes Courses à la Loupe