Il y a tout au long des marchés de Provence, qui sentent le matin, la mer et le midi… des bouteilles d’huile d’olive à 150€ le litre.
Pas toutes, mais ça peut aller jusque là. A ce prix, on commence à avoir de très bonnes bouteilles de vin. Un tel tarif est-il justifié ?
L’huile d’olive provençale, luxe ou marketing ?
France 5 a diffusé samedi 31 août un documentaire de Jean Karl Lambert sur le sujet. On y voyait un oléiculteur occupé à tailler ses arbres. Chaque arbre était examiné avec amour, s’ensuivait une petite discussion avec sa femme (celle de l’oléiculteur) sur les avantages et inconvénients à couper telle branche, puis ablation de ladite branche.
Avec un tel état d’esprit, le rendement n’est pas au rendez vous. Ajoutez y un climat moins favorable que celui de l’Andalousie, une main d’oeuvre plus chère, et vous avez une huile hors de prix.
Cette huile est-elle meilleure que les autres ? JKL a posé la question à Olivier Nasles, œnologue et président du syndicat AOC huile d’olive de Provence. La réponse fut, je cite, « nos huiles provençales ne sont pas nettement meilleures que les autres, je ne dirais pas qu’elles sont 10 fois meilleures, mais elles ont un vrai goût à elles ».
Elles ne sont pas 10 fois meilleures, mais elles sont 10 fois plus chères. 10 fois plus chère que quoi me direz vous ? Que l’huile d’olive de supermarché, produite par les vilains andalous ?
Le haut de gamme, version andalouse
JKL s’est rendu là-bas et nous a déniché l’aristocratie de l’huile d’olive, Nuñez de Prado, producteur depuis 1795, toutes les oliveraies en bio, l’étiquette sur les bouteilles attachée à la main avec un petit bout de ficelle, tout ça, tout ça. Les espagnols aussi savent ce que c’est que le marketing.
Leur huile la plus chère n’est pas celle décrite dans le documentaire (Nuñez aurait-il profité du passage de JKL pour faire la promo d’un nouveau produit?) mais une huile issue d’oliviers de 85 ans, assemblage artistique de 3 variétés d’olives, décrite dans les mêmes termes qu’un vin de grand cru et vendue … 13€20 le flacon de 500 ml, soit 26€40 le litre (1). On est loin des 150 € le litre, mentionnés dans le documentaire.
Et pour finir, ma marotte, les résidus de produits toxiques. L’huile d’olive est-elle un produit très contaminé, qui justifie qu’on se cantonne strictement au haut de gamme ou au bio ?
Mon huile d’olive de tous les jours est-elle toxique ?
Pour parler des méfaits de l’oléiculture, JKL a interviewé un écologiste local qui se plaint de l’utilisation massive des engrais, de l’irrigation qui vide les nappes phréatiques (bientôt ils arroseront les cactus!) et des petits animaux qui n’ont plus où se loger. Des pesticides, pas un mot.
J’ai donc mené ma propre enquête.
D’après une étude qui me semble sérieuse (2) mais ne portant que sur les productions européennes, peu d’échantillons sont contaminés, et toujours très en dessous des LMR (3) (4). Vraisemblablement parce qu’avant d’être pressées, les olives sont lavées.
Autre résidu problématique, les moisissures, dues à des olives trop longtemps entreposées. D’après le rapport, le cas se présente uniquement dans des petits moulins artisanaux, desservant un marché local (bas de gamme).
Je n’ai trouvé aucune publication sérieuse (c’est à dire avec résultat détaillé des analyses de laboratoire) incriminant les huiles tunisiennes, le plus grand producteur hors UE. Peut-être le scandale n’a-t-il pas encore éclaté, mais au jour d’aujourd’hui, mes recherches en français et en anglais n’ont rien donné.
En conclusion, on peut se régaler sans se ruiner et sans soucis pour sa santé.
Sources
(1): http://www.latiendadelaceite.es/es/baena-codoba/31-cortijo-de-suerte-alta-500-ml.html
(2) : http://www.jle.com/e-docs/00/04/06/98/article.phtml voir tableaux 5 et 6
(3) Limite Maximale de Résidus
(4) Le pesticide le plus problématique, le fenthion, a été trouvé dans 30% des échantillons, à une concentration moyenne de 0,087 mg/kg quand la LMR est de 1 mg/kg. L’échantillon le plus contaminé était aussi en dessous de la LMR