Faut-il acheter en circuit court ?

vehicules-surcharges-monde-photos-2D’après le dernier rapport du GIEC, les transports contribuent pour 25% à l’effet de serre. Manger local serait donc forcément un bon geste. Pourtant, certains avancent que les petits producteurs, avec leur petit camion qui rentre à vide, polluent plus à la tonne transportée que les gros camions qui font des tournées. Qu’en est-il ? Dans quelles conditions acheter local est-il bon pour la lutte contre le réchauffement climatique ?

Notre ministère de l’écologie et du développement durable a synthétisé diverses études pour en arriver au graphique suivant (1) (remis en forme par mes soins) :

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Le 1er contributeur à l’effet de serre, et de très loin, est la production. Rien ne sert donc de rogner sur le transport si le mode de production est énergivore. Comme le montre une étude allemande citée par l’Ademe (2) , une salade espagnole, produite en plein champ, aura un meilleur bilan carbone, transport compris, qu’une salade allemande produite sous serre chauffée.

Faut-il privilégier les produits bios ? Le projet Agribalyse de l’Ademe, a calculé l’impact carbone des productions agricoles en poussant la recherche de poil sur les œufs à un degré inégalé. Les résultats sont contrastés. Le bio est le moins contributeur à l’effet de serre pour le lait, le blé, le vin, équivalent au conventionnel pour les légumes, mais plus impactant pour la viande (vie plus longue de l’animal). Je tiens à préciser que j’achète majoritairement bio et que je vais continuer, mais pour ce qui est du réchauffement climatique, qui est l’objet de cet article, le bio n’est pas forcément meilleur.

Pour réduire l’effet de serre, le premier critère est donc d’éviter les fruits et légumes produits sous serre chauffée, c’est à dire les végétaux hors saison produits nationalement.

Le 2e contributeur à l’effet de serre est le déplacement en voiture du consommateur. Il est donc contreproductif de faire la tournée des producteurs ou d’aller sur un marché pour un seul produit.

Le 3e contributeur est le gaspillage alimentaire.

Le 4e contributeur, nous y voilà enfin, c’est le transport des marchandises.

porte container

Les statisticiens allemands ont comparés l’impact du transport d’un agneau allemand et d’un agneau néozélandais, rendus dans le même supermarché quelque part en Allemagne (3) :

 

 

Pour 100 km en camionnette: 1,5 kWh/kg

Pour 20 000 km en bateau et 400 km en semi remorque 0,3 kWh/kg

En plus l’agneau allemand était dans une bergerie chauffée parce que le climat là-bas est épouvantable, alors que l’agneau néozélandais avait gambadé dans une prairie tropicale. Conclusion, pour sauver la planète, achetez néo zélandais…

Ces statisticiens sont-ils de mauvaise foi? Choisissent-ils des exemples non représentatifs de nos achats habituels? J’ai donc mené ma modeste expérience personnelle.

Capture d’écran 2015-09-08 à 11.13.36Le vendredi, au marché de Villefranche, il y a une éleveuse qui vend du lait cru, yaourts et cie. Son exploitation se trouve à 23 km de là, soit 46 km avec le retour à vide. D’après l’Ademe, sa camionnette de 3,5 tonnes pollue 10 fois plus qu’un 32 tonnes. Pour polluer moins, un brick de supermarché doit donc venir de moins de 460 km.

Petit tour dans mon frigo … d’où vient mon brick de lait … de Montauban dans le Tarn et Garonne. En matière de recherche de poil sur les oeufs, je ne crains personne. J’ai donc téléphoné à la laiterie pour savoir s’ils avaient livré en direct ou pas. Carrefour est livré en direct (Montauban – Labège: 47 km). Le Super U de Villefranche est livré via sa plateforme logistique (Montauban – Vendargues – Villefranche: 524 km). La crème fraiche : 1112 km, avec le détour par la plateforme logistique. Le yaourt: 767 km avec le détour…

Les magasins bio sont-ils plus locaux? D’après la gérante de celui que je fréquente, ils achètent leur produits laitiers via un grossiste à Montpellier (nous ne sommes pas dans une région tournée vers ce type d’élevage). Ce qui nous donne:  crème fraiche bretonne 1298 km, yaourt breton 1103 km, lait du centre 828 km…

L’Ademe est donc de mauvaise foi. L’achat en direct n’est pas forcément moins efficace sur le poste transport de marchandises.

(Notons au passage que les études sur les aberrations logistiques de la grande distribution sont souvent illustrées par les pérégrinations d’un pot de yaourt. Je remarque que comme par hasard, c’est un aliment particulièrement trimballé… Chacun choisi l’exemple qui le sert le mieux…)

Par ailleurs, l’achat en circuit court permet de maintenir des emplois dans nos campagnes. Comme me disait un céréalier qui avait investi dans un moulin et vendait sa récolte en direct (farine, pain, pâtes), si on vend non transformé, 100 ha c’est un emploi. Si on vend après transformation, 100 ha c’est 7 emplois.

Enfin les agriculteurs qui vendent en circuit court ont généralement des modes de production moins intensifs et plus respectueux de l’environnement que leurs confrères étranglés par la guerre des prix. Et puis, bien sûr, les produits sont plus frais (voir mon post sur les légumes en hypermarché).

Conclusion

L’achat en circuit court peut permettre de réduire l’impact carbone même si ce n’est pas systématique. Ses avantages sont plutôt dans le maintient de l’emploi à la campagne, un mode de production moins intensif et des aliments plus frais.

En effet, l’impact carbone du transport d’aliments n’arrive qu’en 4e position dans sa contribution totale.

Contre le réchauffement climatique, les mesures les plus importantes sont :

  • manger des fruits et légumes de saison
  • ne pas prendre sa voiture pour acheter une seule denrée
  • éviter le gaspillage alimentaire

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Sources

(1) http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/LPS158.pdf

(2) http://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/avis_ademe_circuits_courts_alimentaires_proximite_avril2012.pdf

(3)  http://www7.inra.fr/dpenv/pdf/SchlichC53.pdf

2 réflexions sur « Faut-il acheter en circuit court ? »

  1. J’ai eu peur un instant que la conclusion de ta recherche de poils sur les oeufs soit anti circuit court mais Ouf! , l’intuition de départ était quand même la bonne. Rien que pour éviter les séjours frigorifiques prolongés destructeurs je privilégierai le local

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