Sauf exception, on ne trouve la courge « Jack o lantern » que pour Halloween. Et d’ailleurs, qui voudrait l’acheter le reste de l’année, alors qu’il n’y a presque rien à manger ?
Encore une de ces innovations de la société de consommation me disais-je jusqu’à dernièrement. Or je me trompais du tout au tout. Car cette courge est une variété ancestrale qu’on connaissait autrefois sous un autre nom : la citrouille. Tout ce que nous appelons de nos jours « citrouilles » sont en fait des potirons. La seule vraie citrouille, c’est elle, et elle a une histoire mouvementée.
La courge a été domestiquée en Amérique centrale il y a environ 10 000 ans, soit à peu près à la même époque que le blé (et 2000 ans avant le riz). Les amérindiens l’améliorèrent, chacun de leur coté mais il faut reconnaître que ceux vivant en Amérique du Sud firent un bien meilleur boulot que leurs voisins du nord. Du Sud et de Centre sont issues les variétés gouteuses (potimaron, musquée de Provence, Butternut) alors que du Nord sont issues des variétés certes croquantes voire rigolotes mais il faut le dire, assez insipides:
Lorsqu’ils envahirent le Nouveau Monde, les anglais ne furent pas très impressionnés par les courges locales. Ils ne ramenèrent que la citrouille, pour la donner à manger … aux cochons ! En effet, elle a peu de chair mais beaucoup de graines, riches en protéines et lipides. Et oui, le carrosse de Cendrillon était une humble plante fourragère!
Dans les années 1950, la citrouille est peu à peu remplacée par d’autres oléagineux et sa culture abandonnée. Sa culture, mais pas son nom ! Comme il est très populaire, il est recyclé pour promouvoir les ventes des potirons et autres courges sphériques, au plus grand mépris de la botanique.
Pour Halloween, on voit néanmoins resurgir les citrouilles mais rebaptisée Jack o Lantern ! (chez les courges, c’est la valse des noms) Pas besoin de les évider, elles sont naturellement creuses, il n’y a plus qu’à sculpter!